Une vampire au soleil : un seule-en-scène interprété avec justesse
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Elle est là, baignée dans une pénombre enveloppante alors qu'elle ne cesse de parler du soleil qu'elle aime tant et des "tâches" que ce dernier faisait sur le mur de sa chambre d'enfance.
Des souvenirs s'invitent ça et là, qu'elle nous confie avec pudeur et grâce, mais sa mémoire est pleine d'ombres et de manques. Elle se dit vampire et pourtant l'on en doute. Sa fragilité est palpable et le spectateur ressent immédiatement de la compassion pour cette jeune femme brisée. A chaque souvenir évoqué, une menace guette. Quel(s) danger(s) la menace(nt)? Fabule-t-elle? Avait-elle une mère violente et malveillante? Qui est ce vieil homme qui rôde derrière ses fenêtres quand elle est enfant? Ce gentil garçon adopté sous une pluie battante, que lui a-t-il fait subir? Le texte, poétique, est volontairement piqué de mystères.
Elle évoque cette homme-barrière qui serait celui qui l'aurait fait devenir vampire...mais est-ce vraiment de cela dont il est question? Dans quoi l'a-t-il fait basculer? la drogue? l'alcool? la prostitution? Autant de questions pour lesquelles le public n'aura pas de réponse.
Marik Renner offre une interprétation touchante et d'une grande justesse, accompagnée des belles mélodies et chants de Marien Tillet, assis non loin d'elle sur un banc. La mise en scène, épurée, met en valeur le jeu de la comédienne et l'on saluera la scénopgraphie et les lumières de Samuel Poncet qui magnifie la présence "fantastique" de cette fille si insaisissable.
On retient son évocation pertinente des femmes de Barbe-Bleue, ses vêtements chrysalide qui ne lui permettent tout de même pas de s'extirper de sa condition malheureuse et ce "pas toi" dit et re-dit qui résonne comme un avertissement dans lequel elle se rue avec tout le désespoir des êtres qui n'ont pas été aimés.
Un moment suspendu, sensible...qui gagnerait peut-être à se dévêtir d'une dizaine de minutes pour être parfait!
Une vampire au soleil
Mise en scène : Marien Tillet
Interprètes : Marik Renner (jeu) Marien Tillet (jeu et musique)
texte et musique : Marien Tillet
co-écriture : Marik Renner
Scénographie et lumières : Samuel Poncet
Son : Pierre-Alain Vernette
Régie en alternance : Laurent Le Gall & Tom Dekel
Dates et lieux des représentations:
- Jusqu'au 24 juillet 2023 à La Manufacture - 21h20 - FESTIVAL AVIGNON OFF 2023
Le dernier ogre : « La nuit propose à mon âme que nous en restions là. »
