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Warbreaker : un univers original, un récit enlevé, des personnages solides, de l’humour et des intrigues à foison, du grand Sanderson !

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

warbreakerPar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Vivenna et Siri sont sœurs. La première, l’aînée, doit épouser le Dieu-Roi du royaume Hallendren, en vertu d’un ancien accord, qui doit éviter la guerre.

Leur père décide pourtant d’envoyer la cadette à sa place. Vivenna ne s’explique pas cette décision, elle qui s’est préparée toute sa vie pour remplir son rôle. Siri, qui a l’habitude de n’en faire qu’à sa tête, est précipitée dans une société qu’elle ne comprend pas. Vivenna suit Siri à la capitale, T’Telir, dans l’espoir de la sauver de son terrible destin. Les deux sœurs se retrouvent au cœur du conflit qui embrase Idris et Hallendren. Siri découvre que Susebon, le Dieu-Roi n’est pas celui qu’il semble, et Vivenna doit composer avec les mercenaires Denth et Tonk Fah, qu’elle embauche pour l’aider, tandis que rôde Vasher, le Warbreaker.

Le récit est foisonnant, sous-tendu par les notions de Souffle et de biochroma. Chaque personne est investie d’un souffle, qu’elle peut offrir. Celles qui en possèdent plusieurs acquièrent des capacités, elles distinguent mieux les nuances de couleurs, les sons, la présence des autres… Plus l’on détient de Souffles, plus l’Éveil est fort, plus la durée de vie est allongée et la sensibilité exacerbée. On peut utiliser le Souffle pour animer des objets, en les investissant d’une partie de son propre souffle et en puisant dans les couleurs. Les personnes dépourvues de Souffle, les mornes, sont ternes et perdent en capacité de percevoir leur environnement. Les couleurs nourrissent ainsi une forme de magie très originale.

Comme à son habitude, Brandon Sanderson propose un monde fouillé, où les contextes politique et religieux, les enjeux de pouvoir, sous-tendus par une histoire millénaire, sont parfaitement cohérents. Les structures sociales et les croyances sont riches de détails, qui donnent corps au récit. Les Rappelés, Dieux Vivants adorés par le peuple d’Hallandren, incarnent le pays et décident des affaires publiques, tout en étant confinés (dans le luxe le plus extrême) dans leur cité, où ils ne croisent des habitants que lorsque ceux-ci viennent les supplier de leur offrir leur Souffle pour guérir. Toutefois, ce geste implique la mort du Rappelé et reste donc fort rare.

Dans ce récit épique, l’auteur joue avec ses héros – et les nerfs du lecteur ! Il manipule tout son monde, en se servant des préjugés de chacun, de leur façon d’appréhender leurs prochains avec leurs œillères et en se fiant à leurs premières impressions. Les rebondissements de l’intrigue s’appuient sur les découvertes des uns et des autres, et sur des personnages très solides, qui évoluent au fil de l’histoire. Vivenna et Siri, quasi archétypiques au départ, l’une qui se croit supérieure à tous, corsetée dans ses certitudes morales et religieuses, l’autre confondante de naturel et de naïveté, gagnent en profondeur, au fur et à mesure de leurs aventures et de leurs rencontres. Denth et Tonk Fah, les mercenaires, sont amusants et très compétents, tandis que Vasher est inquiétant. Le prêtre du Dieu-Roi se montre d’une froideur et d’une arrogance remarquables, Susebon est terrifiant. Chanteflamme le Rappelé refuse de croire en lui-même et joue à nier sa divinité, se composant une image sarcastique pleine d’autodérision. Que deviennent-ils au fil du récit ? Les surprises ne vont pas manquer !

La première partie du roman prend son temps, pour installer les protagonistes et l’univers. Brandon Sanderson s’attache à nous faire toucher du doigt les structures sociales, politiques, religieuses, tout en s’amusant à placer ses personnages dans les situations les plus périlleuses. Puis, le rythme s’emballe, nous entraîne de fausses pistes en chausse-trappe jusqu’à un final… surprenant ! Humour et drames se côtoient sans cesse dans Warbreaker dans un savant mélange où ses héros peuvent grandir, les dialogues sont savoureux – en particulier les conversations de Chanteflamme, des joutes verbales virevoltantes qu’il affectionne aux remarques à multiples sens dont il est friand. Il convient d’ailleurs de saluer le travail de la traductrice, Mélanie Fazi, qui a su garder tout son piquant aux échanges.

Un excellent moment de lecture, divertissant et intelligent !

Warbreaker
Auteur : Brandon Sanderson
Traductrice : Mélanie Fazi
Éditions : Le Livre de Poche
Parution : 24 janvier 2024


Prix : 24,90 €

 


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