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Ásta : Jón Kalman Stefánsson dans le tourbillon de la vie

  • Écrit par : Serge Bressan

stefansonPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Pays-île de moins de 350 000 habitants tout là-haut au Nord, l’Islande brille depuis de nombreuses années dans le monde des arts et des lettres. Bien sûr, il y a Björk, cette elfe qui a bousculé la pop music mais aussi toute une bande d’écrivains qui illuminent la littérature mondiale. Parmi eux, Jón Kalman Stefánsson, 55 ans, né à Reykjavik et auteur d’une douzaine de romans dont « Ásta »- la version française vient d’arriver dans les librairies. Stefánsson, dont on avait apprécié l’an passé l’excellent "A la mesure de l’univers", est tenu pour le meilleur des écrivains islandais contemporains- rien que ça ! Et si on en doutait, avec « Ásta » il nous donne, à nous lecteurs, quelques éléments de confirmation. 

On a là, sur près de 500 pages, tout simplement un roman 5 étoiles, un texte à la recherche du bonheur. D’emblée, le sous-titre donne le ton : « Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? » Et puis, on tourne, on lit pleine page : « Les pages qui suivent », on tourne encore : « referment le récit de la vie d’Ásta, qui a jadis été jeune, mais qui est nettement plus âgée au moment où ces lignes sont écrites ou disons plutôt, hâtivement griffonnées, puisqu’ici tout advient à grande vitesse, y compris quand l’histoire avance si lentement que le temps semble presque immobile ». Le narrateur ajoute : « D’ici peu, je vous expliquerai pourquoi ses parents l’ont appelée Ásta ». Au fil de la lecture, on sympathise avec le narrateur, Sigvaldi le père et Ásta sa fille. On plonge aussi dans ce monde des gens ordinaires, des « gens de peu » comme les avait identifiés le sociologue Pierre Sansot. On est également prévenu : « Il est impossible de raconter une histoire sans s’égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, non seulement une fois, mais au moins trois- car nous vivons en même temps à toutes les époques ».
Ainsi, avec « Ásta », Jón Kalman Stefánsson pratique le récit éclaté. Une histoire, pas sans la moindre linéarité. C’est le tourbillon de la vie. Un homme, Sigvaldi, la trentaine, et une femme, Helga, 19 ans et belle comme Garbo. Ils s’aiment à la folie, s’engueulent, font l’amour sur la table de la salle à manger. De ces ébats torrides, naîtront deux filles : Sesselja et Ásta… Tout ce qu’on va apprendre de cette femme, ce sont le narrateur et Sigvaldi qui le rapportent. Un Sigvaldi qui, marin en Islande puis peintre en bâtiment, est allé travailler à Stavanger, en Norvège. Il est tombé d’une échelle, personne ne vient l’aider- défilent alors des bribes de sa vie. La sienne, mais celles aussi de sa femme qui a plongé dans l’alcool et de sa fille Ásta.
Tout au long des pages d’« Ásta »- ce grand roman à l’écriture élégante à lire en priorité, c’est la magie permanente. De l’amour, de l’émotion, de la joie, du bonheur,… bref, la vie dont le tourbillon mène inévitablement à la mort, cette mort qui « ne comprend rien, c'est ce qui la rend aussi impitoyable ».

Ásta
Auteur : Jón Kalman Stefánsson
Editions : Grasset
Parution : 29 août 2018
Prix : 23 €


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