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Elephant man : Dans la peau d’un homme

Elephant manPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Elephant man nous plonge au cœur de l’humanité avec ses grandeurs et ses défauts. Une belle leçon de tolérance. Les mémoires de Frederick Treves, médecin qui s’est occupé de Joseph « John » Merrick « l’homme-éléphant » ont inspiré de nombreux spectacles.

C’est, cependant le plus souvent, le film de David Lynch, Elephant man, sorti en 1980, auquel on se réfère. Antoine Chalard s’y est « collé » à son tour, adaptant et mettant en scène son Elephant man. Joseph Merrick souffre d’une maladie rare évolutive provoquant d’horribles déformations. Il est exhibé dans les foires, attraction lucrative pour la peu scrupuleuse Madame Kytes, jusqu’au jour où le docteur Treves le transfère à l’hôpital pour étudier son cas. A force de patience, d’attention, lui et l’infirmière en chef, madame Motherhead parviendront à le tirer de sa carapace de mutisme et de douleur morale. Merrick dévoilera dès lors des trésors d’intelligence, de sensibilité que lui-même niait, confronté au regard d’une société cruelle peuplée de gens « normaux ». Le tout-Londres accourt dans la chambre du phénomène poussé par une curiosité malsaine, un vernis de compassion, quand ce n’est pas en quête de publicité personnelle. Le chirurgien, nommé médecin de la Cour en récompense de sa réussite, se rend alors compte que lui aussi a quelque peu succombé à un sentiment d’orgueil faisant fi de l’immense besoin d’humanité de son patient. Il accepte enfin de devenir l’ami qu’appelle de ses vœux Merrick, comme l’est devenue la célèbre actrice Madame Kendal. Merrick, qui se sait incurable et condamné, peut alors choisir de mourir en paix avec lui-même et le monde : les quelques années vécues dans le cocon de sa chambre d’hôpital ont effacé, chez cet homme bon et sensible, à l’esprit vif, l’époque des humiliations et de la claustration.

Un hymne à l’amour

Le décor dépouillé –un rideau blanc, théâtre d’ombres où s’exacerbent les conflits, quelques accessoires : la maquette d’une église, dérisoire monument à la piété et à la pitié, un phonographe- ajoute au sentiment d’immense solitude que ressent Merrick. Le handicap reste, dans nos sociétés, source d’isolement, de rejet. Car, si l’histoire de l’homme-éléphant se déroule entre les années 1860 et 1880, peu de choses ont changé depuis. Il n’est que de voir comment, dans notre pays, l’accueil, l’intégration dans l’éducation, le travail, l’espace public représente un véritable parcours du combattant pour les handicapés et leur famille. Quant à l’Autre, le différent, l’étranger, il est très souvent présenté comme un danger potentiel (les nazis éliminaient juifs, handicapés, et homosexuels). Elephant man, comme le film de Tod Browning de 1932, Freaks, traduit par La Monstrueuse parade, sont un hymne à la tolérance, à l’amour. Autant de messages dont notre monde à besoin. Les trois comédiens (Clémentine Yelnik assure tous les rôles féminins, Florent Malburet est Joseph « John » Merrick, Antoine Chalard joue le docteur Treves et le directeur de l’hôpital) apportent au spectacle la nécessaire touche de sensibilité, de tendresse, d’humour aussi, qui exclut voyeurisme et pathétisme facile. Un spectacle émouvant et utile en ces temps troublés où les valeurs d’humanisme sont trop souvent bafouées et raillées.

Elephant man
Ecriture et mise en scène : Antoine Chalard
Avec Clémentine Yelnik, Antoine Chalard, Florent Malburet

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu'au 1er mars 2020 au Lucernaire, Paris 6e (01.45.44.57.34.)

elephant man

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