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Voyage en Italie : une parenthèse au coin du feu en compagnie de Montaigne

voyage en italiePar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ On garde souvent du lycée un souvenir austère de l’écrivain érudit qu’était Michel de Montaigne et force est de constater… qu’on n’a pas tout à fait tort!

Si ses pensées ont une qualité humaniste indéniable, son souci du détail et sa volonté d’instruire son lecteur par le récit de sa propre expérience offrent quelques épisodes distrayants, quelques anecdotes culinaires et architecturales intéressantes...mais très vite, l’attention de l'auditoire s'étiole. Et la scénographie attrayante, plus vraie que nature, dont le ciel se pique au fur et à mesure du spectacle d’étoiles et de lune scintillantes, les bruitages sonores, les costumes d’époque de belle facture finissent par constituer l’intérêt principal de la pièce. La présence du superbe cheval Réal, et de son palefrenier rugueux et naif, sont aussi une récréation à une mise en scène qui fait sens mais qui ennuie par son aspect relativement statique. Alors il est tard, oui, et c’est l’heure de la veillée et des moments de partage devant un bon feu complice. Le texte s’avère cependant souvent rébarbatif et bien que les acteurs s'emploient comme ils peuvent à égayer cette liste d’étapes inerminables ; il faut bien avouer - honteusement - qu'on a hâte que ça se termine.
Alors oui, ça et là, on attrape quelques maximes à garder dans sa besace : «  Il ne faut pas considérer ce que l’on mange mais avec qui l’on mange », « Un honnête homme est un homme mêlé » ou encore « On peut se prêter à autrui mais il ne faut se donner qu’à soi-même. » . C'est l'occasion aussi de se rappeler d’un siècle où le corps et ses trivialités intrinsèques préoccupent grandement l’esprit et il est vrai que l'on prend plaisir à entendre le chant enjoué des voyelles de la langue italienne le temps d’une halte à Rome. On entend également avec curiosité, autour d’un repas frugal, toute la diversité du monde humain et ses drôles d'us et coutumes…et l’on sourit, c'est vrai, de cette « écrivaillerie » que Montaigne déplore, « symptôme d’un siècle déséquilibré ». 

Si les mots de Montaigne, humanistes, pétris de tolérance et de curiosités émerveillées pour le monde, gagnent à être connus, cette pièce - contant l'histoire d'un intellectuel ayant pris la route avec son équipage durant plus d’un an dans un 16e siècle déchiré par les guerres de religion -aurait toutefois gagné à trouver une forme plus pétillante et dynamique et à travailler autrement avec le texte pour le rendre plus "intelligible"…Les esthètes et les nostalgiques goûteront cette parenthèse sous les étoiles, les autres ( les plus nombreux) se diront qu’ils n’en garderont pas un souvenir impérissable...

[bt_quote style="default" width="0" author="Montaigne"]Je n’ai rien fait aujourd’hui mais j’ai vécu.[/bt_quote]

Voyage en Italie
Texte : Montaigne
Mise en scène et adaptation: Michel Didym
Avec Luc-Antoine Diquéro, Bruno Ricci et Loïc Godec mais aussi le cheval Réal et la poule Barcelonnette
Assistant à la mise en scène : Yves Storper
Dramaturgie : François Rodinson
Musique : Ma rie-Jeanne Serero
Scénographie: Jacques Gabel
Lumière : Joël Hourbeigt
Costumes: Christine Brottes
Durée : 1h20

Dates et lieux des représentations:
- Les 10 et 11 octobre 2019 au Théâtre Bernadette Lafont - Nîmes ( 30)
- Du jeu. 26/03/20 au sam. 28/03/20 à La Criée - Tel. +33 (0)4 91 54 70 54

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