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Darling : duo électrique pour une femme en souffrance

darlingPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ "C’est la plus belle adaptation d'un de mes romans !", clame Jean Teulé, qui assistait à la représentation de Darling (édité chez Julliard), le 13 mars dernier, au Studio Hébertot, à Paris. Il s’agit (malheureusement) du récit basé sur la vraie vie (de galère) d’une de ses cousines normandes, qui a grandi dans une modeste ferme, le long d’une nationale. Dans une famille inculte et violente. Elle voulait qu’on l’appelle « Darling », depuis le jour où elle a découvert la CB (« cibi » moyen de communiquer des camionneurs dans les années 80), pour oublier les coups, reçus depuis l’enfance. Elle voulait aussi qu’on entende la voix de toutes les femmes battues, en France et dans le monde. Cela donne un livre et un spectacle parfois insoutenables, tant c’est triste, injuste et inhumain. Heureusement, le metteur en scène, Laurent Le Bras, a su rendre le jeu des acteurs rock-and-roll (Simon Chomel à la guitare électrique) et visuellement moins plombant. Le jeu de l’actrice (Claudine Van Beneden), qui joue Catherine, y est pour beaucoup.  

Âmes sensibles s'abstenir ! Faut pas être déprimé. Imaginez : rejetée par ses parents, des paysans se préoccupant plus de leurs deux garçons (et des cochons) que de cette dernière « bouche inutile à nourrir », la petite parvient quand même à rêver d’épouser un routier… pour s’enfuir de cet enfer. Sauf qu’elle n’aurait pas dû se marier, évidemment, avec le premier venu, un « Roméo » (Joël Épine), alcoolique et violent. Darling déteste l'agriculture et le sang quand on tue (mal) le cochon (une truie)… qui s’enfuit, tripes à l’air, laissant derrière lui comme une trainée de mariée, dixit Teulé. Quand elle a ses règles, elle se sert de son sang pour faire des peintures quasi rupestres sur le mur de sa chambre-cachot. Catherine / Darling aurait pu être heureuse, si on l’avait laissée travailler comme apprentie chez Chantal et Bernard Clément, qui tenaient une boulangerie-pâtisserie. En plus, leur fils Vincent (« Blandamour ») était raide dingue d’elle. Mais l'appel des camions a été plus fort.
Même son horrible père se méfiait de ce « Roméo ». De lui, elle subit pire encore : coups, viol, perversions sexuelles scatologiques... Catherine/Darling devint la victime quotidienne de ce routier pas sympa du tout. C’est une histoire poignante parce que réelle. La vie de Catherine est un cauchemar à en pleurer mais la magie de l’art, littéraire et théâtral, parvient à transcender sa souffrance pour en faire un symbole. Un peu comme la Félicité d’Un Cœur simple, de Flaubert, Darling est devenu, à son corps défendant, un touchant hommage à toutes celles qui vivent l'enfer au quotidien (une femme meurt, tous les deux jours, en France sous les coups d’un homme).

Darling
Auteur : Jean Teulé
Metteur en scène : Laurent Le Bras.
Avec : Claudine Van Beneden et Simon Chomel
Durée : 1 h 15

Dates et lieux des représentations:
- Jusqu’au 7 avril 2019 (relâche 16 et 29 mars, 5 et 6 avril). Mercredi 21 h ; jeudi, vendredi, samedi 19 h ; dimanche 17 h. Au Studio Hébertot (78 bis, boulevard des Batignolles – 75017 Paris) Téléphone : 01 42 93 13 04 / www.studiohebertot.com

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