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« Une partie de badminton » d’Olivier Adam : retour pas gagnant…

AdamPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il est écrivain, s’appelle Paul Lerner et a 45 ans. Il est le héros d’« Une partie de badminton », le douzième et nouveau roman d’Olivier Adam, dont le titre est inspiré par une chanson d’Alain Chamfort. Paul vivait en Bretagne, Saint-Malo, Dinard… Il a connu quelques succès, est venu vivre à Paris. Mais voilà, le succès est cabotin, insaisissable- oui, Paul Lerner a continué d’écrire mais ses nouveaux livres ont moins bien fonctionné. Alors, il décide de retourner d’où il venait, la Bretagne, et le moins qu’on puisse dire, c’est que, avec femme et enfants, ce retour cinq ans plus tard n’est pas celui d’un gagnant, d’un vainqueur. Un retour piteux, pas vraiment gagnant- « La vérité c'est qu'il n'avait jamais rien compris à cette vie. Et qu'il avait toujours été incapable de s'y mouvoir ». Ses finances ont fondu, il accepte un poste de journaliste dans le journal hebdomadaire local. Et c’est, pour Paul Lerner, le début des galères. Manon, son ado de fille est malheureuse, ne se faisant pas à la vie en Bretagne et considérant que « ses parents avaient gâché sa vie » ; Sarah sa femme accumule les heures de voiture pour aller travailler à Rennes dans un lycée où elle donne des cours de Français aux migrants d'un centre d'accueil, et elle se désespère de leur couple entré dans l’ordinaire… et lui, Paul Lerner, il connait une sacrée panne d’inspiration- un constat s’impose : « La vie s'acharnait à faire voler en éclats ses certitudes, ses fondations mêmes, celles qu'il croyait immuables, mais ça allait ». Ainsi, Paul va apprendre la liaison de Sarah avec Lise, une amie de longue date ; la mort d’un ami écrivain perdu de vue depuis un si long moment et dont la disparition fait ressurgir quelques secrets… Et puis, il y a une mystérieuse jeune femme, elle donne l’impression de rôder tout près de Paul, qui est-elle ? Oui, « c’était ça, la vie. Des emmerdes, des deuils, des amitiés brisées, des secrets, des mensonges, des enfants qui partaient en vrille, des pépins de santé, des hauts, des bas, le grand manège, du grand n’importe quoi. Et il fallait s’en contenter. La regarder bien en face, telle qu’elle était, et s’y mouvoir debout ». Oui, la vie n’est pas vraiment une partie de badminton…

Depuis ses débuts en 2000 avec un premier roman (« Je vais bien, ne t’en fais pas ») pour un « écrivain social », Olivier Adam développe, une fois encore avec « Une partie de badminton », deux thèmes qui lui sont chers : la classe moyenne et l’inadaptation sociale. En forme, il assure quand il s’attaque et mêle avec bonheur de nombreuses thématiques, parmi lesquelles le milieu intellectuel parisien loin, si loin de la France périphérique ; la nostalgie ; le mal-être, la morosité ; l’amertume ou encore la résurgence de secrets pourtant si profondément enfouis… Mieux, d’une écriture sans la moindre forfanterie et toujours délicieusement fluide, à travers les heurs et malheurs de Paul Lerner, Olivier Adam fait la démonstration implacable que « la vie est un putain de sport de rue et non une partie de badminton ». Alors, on pourra regretter l’accumulation de désillusions, de coups durs, de galères… à un moment, on a vraiment envie de dire « stop » ! N’empêche ! avec cette « Partie de badminton »- texte autant social qu’intime dans lequel il met en scène son double (littéraire, c’est sûr ; personnel, peut-être…), Olivier Adam signe un beau roman sur lequel souffle un délicat vent breton. C’est revigorant à souhait !

Une partie de badminton
Auteure : Olivier Adam
Editions : Flammarion
Parution : 21 aout 2019
Prix : 21 €

[bt_quote style="default" width="0"]Les ventes se concentraient désormais sur une poignée de titres et les autres étaient condamnés à la confidentialité. Il fallait créer l’événement pour s’en sortir. D’une manière ou d’une autre. Être la nouvelle sensation. Ou tenir un sujet qui attire les médias. Qui fasse le buzz. Provoque la polémique. Ou qui intéresse d’emblée les gens. Genre, la Seconde Guerre mondiale. La vie romancée de Trucmuche. Un phénomène sociétal du moment. Ou à défaut se foutre à poil. Seuls les très gros vendeurs ou les auteurs « médiatiques » pouvaient se contenter d’écrire ce qui leur chantait. Pour eux, le simple fait de publier un nouveau livre constituait d’emblée un événement.[/bt_quote]

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