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Confessions d'une cleptomane : Voler n'est pas jouer !

Vole moiPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Vole-moi si tu l'oses !, est-il écrit sur le bandeau de "Confessions d'une cleptomane". Sous couvert d'humour et de légèreté, la journaliste et romancière Florence Noiville s'attaque à un désordre psychiatrique qui peut perturber non seulement celles et ceux qui en souffrent, mais leur entourage. Dans un autre livre, elle avait abordé la question de la bipolarité (à ne pas confondre avec la schizophrénie et les « pervers narcissiques »), avant que cela ne devienne un « marronnier ». Ici, il est question de la cleptomanie. Valentine de Lestrange est une bourgeoise effectivement assez étrange. Femme de ministre (des finances !) qui n'a pas de problème d'argent mais ne peut s'empêcher de chaparder partout où elle passe : « Ce qu'elle ressentait, c'était un plaisir épatant. L'excitation du danger, la jouissance du passage à l'acte. Le flash d'adrénaline, comme un éclair d'orage dans un ciel plombé. (...) Un orgasme cérébral. » Très vite, on comprend qu'elle se sent délaissée par un mari surmené, et qu'elle s'ennuie. Mais aussi qu'elle souffre d'une réelle addiction, dont souffrait déjà sa mère. Plutôt que de prendre un amant... elle vole des choses, pour combler un manque d'affection, comprend-t-on. Jusqu'au jour où, presque sans le vouloir, elle subtilise l'objet de trop. Celui qu'elle n'aurait jamais dû voir et qui va changer le cours de sa vie.
Florence Noiville est bien documentée sur le sujet. Sa narratrice (elle-même ?) a eu envie de raconter cette histoire après avoir vu une femme avec un sac de la boutique du MoMa (musée de New York), qui portait l'inscription suivante : « I am a kleptomaniac. This is a stolen bag. ». Je suis cleptomane, c'est un sac volé... A priori, Valentine de Lestrange a tout pour être heureuse : l'argent, le statut social (elle est historienne d'art reconnue), un mari dévoué « puissant »... Mais elle vit dans un univers où tout n'est qu'apparence, représentation, signe extérieur de richesse, donc de pouvoir. Or, elle est faible. Elle cède à la tentation. Ses chapardages ne lui servent qu'à prendre un peu de plaisir. Le problème, c'est qu'il faut recommencer pour atteindre à nouveau ce plaisir fugace. Elle n'a qu'une crainte : se faire prendre. Ce serait causer du tort à la carrière de son mari. Quoique... Justement, et si elle agissait ainsi (inconsciemment) pour que ça arrive ? Sans compter l'humiliation de se faire piquer en train de piquer au supermarché, comme une vulgaire « pauvre ». Elle essaie de se convaincre que ce n'est que par goût de la transgression.
On le voit, le sujet revêt bien des dimensions morales, voire sociologiques. Où l'on apprend, par exemple, qu'il y a trois femmes pour un homme en France (1% de la population) souffrant réellement de cleptomanie. Et qu'il est considéré comme un TOC (trouble obsessionnel compulsif) et qu'il y a peu de recherches sur ce trouble d'ordre psychologique. Il s'agit d'un manque à compenser et d'une réaction due à un état dépressif. Si notre grande bourgeoise culpabilise, c'est juste parce qu'elle a honte de ne pas avoir honte de voler. Or, qui vole un œuf, vole un bœuf, dit-on. N'est-ce pas ce que font les grands et vrais voleurs en col blanc ? « C'est dur de plaisanter avec un cleptomane. Ils PRENNENT tout... littéralement », écrit Florence Noiville, en conclusion.

Confessions d'une cleptomane
Editions : Stock
Auteure : Florence Noiville
193 pages
Prix : 17, 50 €
Parution : 22 août 2018

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