Logo

La guerre est une ruse : une oeuvre qui embrasse et embrase

rusePar Hakim Malik - Lagrandeparade.fr/ Frédéric Paulin s’attaque avec talent à un sujet terrible, à un traumatisme de l’histoire algérienne ; et pour qui est lucide sur l’Histoire franco-algérienne, ce thème reste comme une terre en jachère, une terre à défricher, à élaguer et c’est en travaillant sur cette matière brute que jaillissent par éclats des vérités pas toujours bonnes à dire ou à lire, des vérités dangereuses souvent. Déplaisantes toujours.

L’excercice auquel se livre donc l’auteur est d’abord courageux et il faut le saluer. Comment ? Tout simplement en lisant son livre ; c’est là un acte intellectuel fort , engagé. Il est remarquable.
Quand au roman, il explore avec justesse les événements qui suivirent les émeutes de la jeunesse algéroise en 1988 ; c’était en octobre. Ouvrir les pages de «  La guerre est une ruse » c’est pénétrer les arcanes d’une période sombre , une décennie de massacres, assassinats, disparitions et…mensonges. L’armée ayant obtenu l’état d’urgence, les lumières de l’Algérie se sont éteintes pour laisser place à la peur, aux vengeances, aux cris de douleurs, au terrorisme en somme.
Mais le roman possède cette autre réussite : celle d’ouvrir les portes de certains ministères, de nous accompagner à travers les couloirs où la règle est le silence et c’est simplement passionnant !
Le personnage principal travaille sans couverture, tout à fait officiellement en Algérie, en collaboration avec les services secrets algériens :il côtoie la fine fleur du renseignement autochtone qui, du point de vue des méthodes, s’avère un élève exemplaire…
La construction du roman, sa structure implacable créent le sentiment de lire un document, d’assister pas à pas aux phases successives d’un désastre annoncé.
Mais la France, à l’ombre, dans les coulisses, est bien là. L’état ne veut pas lâcher l’Algérie et surtout pas les richesses de son sol que lorgnent d’autres nations.
Et puis on va croiser et suivre le tragique destin d’un certain Khaled Kelkal. Pauvre hère sacrifié au nom d’un nihilisme absurde ; il y a tellement d’ironie dans son parcours…Ne trouve-t-on pas dans ce destin particulier ce qu’on pourrait appeler « les racines du mal » ? Au-delà des clivages de genres, le roman de Frédéric Paulin est une œuvre totale qui embrasse et embrase.
Qu’on ne s’y trompe pas : il s’agit bien là d’une œuvre littéraire, un roman noir d’une redoutable efficacité. Jamais texte n’aura œuvrer avec ce talent à la compréhension des heurts et malheurs géopolitiques d’un pays qui ne laisse jamais indifférent : l’ Algérie et son éternelle nostalgie…la nostAlgérie comme dirait l’autre.
Nous attendons la suite avec salivation, une impatience à peine dissimulée. L’un des romans fort de cette rentrée littéraire 2018 !
Une nouvelle perle des éditions AGULLO.

La guerre est une ruse
Auteur : Frédéric Paulin
Editions : Agullo
Parution : 6 septembre 2018
Prix : 22€

 

powered by social2s
Copyright © 2015 LAGRANDEPARADE – All rights reserved