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Les exilés meurent aussi d’amour : Abnousse Shalmani, la place du désir

AbnoussePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / On l’avait découverte en 2014 avec un essai aussi éblouissant qu’étourdissant, mêlant pamphlet politique et récit- « Khomeiny, Sade et moi ». Quatre ans plus tard, Abnousse Shalmani est de retour avec, cette fois, un premier roman, « Les exilés meurent aussi d’amour »- « une œuvre de fiction teintée de magie », selon les mots de l’auteure. Un roman de l’exil. Avec une pointe d’humour, des couleurs, de l’amour… Avec ce texte, Abnousse Shalmani s’empare du drame des migrants et réussit à le transformer en une tragi-comédie des exilés. Ainsi, on va suivre Shirin, qui arrive en France à 9 ans avec ses parents, ils fuient pour échapper à la Révolution islamique en Iran- « Shirin est mince et jolie ! Et puis je voulais me coller un personnage qui n’avait pas la tête de son pays natal », confie Abnousse Shalmani. La famille arrive à Paris, s’installe dans l’immeuble où vivent déjà les sœurs de la mère, dont l’horrible Mitra. Elles sont furieusement communistes, définitivement rêveuses du Grand Soir, passablement archaïques. La petite fille, elle, se donne à corps perdu dans l’apprentissage de la langue française. Elle va aussi découvrir que son grand-père est un homme violent, ses tantes des monstresses de sang-froid, son père un « loser » même pas magnifique et sa mère, enceinte, une vraie magicienne ! Adolescente, Shirin va prendre ses distances avec ce cercle familial, ses comportements, ses débordements, son idéologie- découvrir une autre culture avec Omid, un Juif iranien qu’une des tantes a éconduit mais dans les bras et les livres duquel elle apprendra la vie … Il y a aussi Hannah, qui a survécu à la Shoah. Et puis le petit frère. Enfant surdoué, il a décidé de venger leur mère des humiliations que lui inflige la famille- alors, il monte un plan diabolique, il va intoxiquer les membres de cette famille l’un après l’autre… Commentaire de la romancière : Shirin, « face à tout ce qui lui arrive, doit faire un choix entre le pays natal et le pays d’adoption. Mais au final, elle choisit l’entre-deux. Elle choisit d’être le cul entre deux chaises. Ça a l’air inconfortable, mais c’est pourtant la meilleure place car c’est celle du désir. Le désir ne peut s’épanouir que dans l’entre-deux, le clair-obscur, hors des lignes droites et des certitudes ». Aux « Exilés meurent aussi d’amour », Abnousse Shalmani confie avoir voulu donner « la gueule de l’exil et le cœur du pays natal »- c’est grandement réussi, foisonnant à souhait !

Les exilés meurent aussi d’amour
Auteur : Abnousse Shalmani
Editions : Grasset
Parution : 22 août 2018
Prix : 22 €

 

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