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Koba : Robert Littell, l’enfant et le tyran

kobaPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Avant même de plonger dans la lecture, on note une citation d’Alexandre Pouchkine : « La conscience, l’invité indésirable... » Et aussi les mots du Camarade Ivanovich, a.k.a. Koba : « Je n’ai pas d’ulcère. J’en donne ». Le ton est donné- nous sommes avec Robert Littell, 84 ans, Américain, ancien grand reporter (pour, entre autres, l’hebdo « Newsweek »), tenu avec John le Carré comme un des maîtres du roman d’espionnage contemporain et célèbre depuis « La Compagnie : le grand roman de la CIA ». Ces temps-ci, Littell qui vit un bon moment de l’année en France nous glisse son vingtième roman, titré simplement « Koba ». Un texte épique qui nous emmène dans le Moscou de février 1953…

On y retrouve Léon Rozental, un gamin de 12 ans. Le décor : à Moscou, la Maison du Quai. C’est un vaste immeuble, le pouvoir soviétique y loge des fonctionnaires et des apparatchiks. Pour la première fois dans un de ses romans, Littell met donc un enfant en scène, en personnage principal et en narrateur. On va aussi apprendre très vite que le père physicien nucléaire de Léon est mort dans un accident de laboratoire et que sa mère a été arrêtée durant la purge des médecins juifs ordonnée par Staline… Comme de nombreux autres enfants traqués eux aussi par le NKVD- la « police » du régime soviétique, il se cache dans des pièces secrètes du bâtiment. Un jour, il se lance dans une expédition souterraine. Découvre un passage, arrive dans un appartement situé au dessus d’une immense salle de bal désaffectée. Là, Léon va rencontrer Koba. Koba, c’est un homme âgé, grincheux- son appartement est gardé par des policiers du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures qui jouent aux échecs. On apprend aussi que le vieil homme est un officier soviétique très haut dans la hiérarchie du pouvoir- sa fonction : aider, assure-t-il à l’enfant, « à gouverner le pays ». Dans ses mots et propos, Koba laisse entendre qu’il connaîtrait (très bien) les pensées et machinations du camarade Staline.
De conversation en conversation, le vieux parle au jeune. Raconte. Laisse paraître qu’il en sait beaucoup. Trop, peut-être… A Léon, Koba dit et raconte ce qu’il sait des maîtres de l’Union soviétique, tant Lénine que Staline… Léon, avec la naïveté de l’enfance, écoute cet homme curieux, mystérieux. Ce Koba qui va montrer que les dictateurs peuvent avoir des côtés humains- ce qui, sous la plume de Robert Littell, dessine un portrait pour le moins ambigu de celui qui fut surnommé « le père des petits peuples » et dont le nom, Staline, signifie en russe « homme d’acier ». Avec ce vingtième et nouveau roman parfaitement maîtrisé avec de nombreux dialogues, Robert Littell pratique avec délice le mélange des genres, mixant politique, thriller et histoire.
Précision : Koba était le nom sous lequel Staline était identifié par la police du Tsar qui le poursuivait parce que, avant la Révolution d’octobre 1917, fiché comme révolutionnaire géorgien…

Koba
Auteur : Robert Littell
Editions : Baker Street
Parution : 14 mai 2019
Prix : 21 

[bt_quote style="default" width="0"]La dernière fois qu’il a été déporté, il a été libéré subitement. C’était en 1917, quand les femmes étaient descendues en masse dans les rues de Petrograd pour réclamer du pain. Ce sont les femmes qui ont fait la révolution, m’a-t-il expliqué. Ce sont les femmes qui ont forcé le tsar à abdiquer. Les paysans ont un dicton selon lequel les petites étincelles déclenchent de grands incendies… [/bt_quote]

 

 

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