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Le purgatoire : Chuck Palahniuk, le retour chez les vivants

ChuckPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / L’Américain Chuck Palahniuk est de retour avec Le Purgatoire, deuxième volet de sa trilogie. Un soir d’Halloween, une ado revient de l’enfer… Un roman allumé, déjanté qui commence un 1er novembre à 0h01. Un texte posté par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Premiers mots : « Le bien et le mal ont toujours existé. Ils existeront toujours. Seuls diffèrent les récits que nous inventons à leur sujet »… Voilà, on entre dans un monde cher à Chuck Palahniuk, 55 ans, écrivain des dingues et des paumés, cousin de lettres du Britannique Martin Amis et du Français Michel Houellebecq. Sauf que Palahniuk, lui, est encore plus barré, déjanté, allumé, frappadingue qu’Amis et Houellebecq ! Et s’il en fallait une nouvelle preuve, il suffirait de lire « Le Purgatoire », deuxième volume d’une trilogie initiée avec « Damnés » paru en VF en 2014. L’an passé, on avait eu droit à « Orgasme », une version très personnelle de Cendrillon au pays des sex-toys- et comment oublier son roman fondateur, le cultissime « Fight Club » (1996)...

Chuck Palahniuk ne connait aucune limite. Pour évoquer « Le Purgatoire », un magazine n’a pas hésité à titrer : « American scato ». Exagéré ? Pas le moins du monde… Cette fois, le romancier fait revenir son héroïne ado, Madison- 13 ans, de l’enfer, ce pays des « post-vivants » où elle a débarqué après sa mort dans des conditions mystérieuses. Lors d’une soirée d’Halloween, elle revient chez les « pré-vivants ». A priori, il n’y en a que pour une soirée- ce doit être une parenthèse, simplement. Mais les événements vont s’enchaîner, se bousculer. L’ado veut remplir les cases encore vides de son histoire. Se lance dans une enquête sur un meurtre (horrible, bien évidemment) qu’elle aurait bien pu perpétrer. S’interroge sur le pourquoi de sa damnation. Tout ça, à vrai dire, c’est de l’amuse-gueule, comparé à ce qu’elle va découvrir : rien moins qu’une conspiration… dans laquelle elle tient le rôle principal ! 

En près de 400 pages, Chuck Palahniuk déménage tout, une fois encore. Avec Madison, il a trouvé une ado la plus furieusement cynique sur terre et en enfer. Avec cette enfant conçue par un couple de hippies lors du Festival de Woodstock en été 1969 (l’année à jamais la plus follement érotique du 20ème siècle !), on dépasse allégrement les bornes et il n’y a plus de limites. Palahniuk provoque, dézingue les certitudes et obsessions de l’Amérique parmi lesquelles la religion (« Les prophètes de Saïs avaient prévenu que la beauté de cette jeune femme serait telle que quiconque l’apercevrait oublierait tout plaisir hormis la nourriture et le sexe. Sa forme terrestre serait si attirante que celui qui la verrait serait réduit à n’être qu’estomac et peau. Et les oracles chantent qu’elle n’est ni vivante ni morte. Ni une mortelle ni un esprit ») et la célébrité, l’Internet, les réseaux sociaux (« Écrire un blog honnête, c’est la meilleure manière de dé-vivre sa vie. C’est comme de dé-manger tout un cheesecake au beurre de cacahuètes, et c’est tout aussi salissant. Les entrailles grises tordues, fripées et plissées de mon esprit constituent pour l’intellect une sorte de ventre. Les tragédies ulcèrent. Les comédies nourrissent. Au final, soyez-en bien sûrs, vos souvenirs survivront longtemps à votre chair- j’en suis témoin »). Oui, Chuck Palahniuk éprouve un immense bonheur à s’emparer de n’importe quel thème, de n’importe quel sujet- il va, alors, le malaxer avec un plaisir immense. Malin, il demandera même l’aide d’une ado de 13 ans, véritable poupée du diable… et on ne résistera pas aux déflagrations, stupeurs et autres tremblements !

Le Purgatoire
Auteur : Chuck Palahniuk
Editions : Sonatine
Parution : 8 juin 2017
Prix : 20 euros

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