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Mona Eltahawy : la Femen du Moyen-Orient

foulards et hymenPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/
"-Pourquoi ne portez-vous pas de niqab ?
- Ne suis-je pas assez couverte ?
- Si vous voulez manger un bonbon, vous préférez qu’il soit emballé ou pas ?
- Je suis une femme, pas un bonbon."
Voilà ce qu’a répondu la journaliste égyptienne, Mona Eltahawy à… une femme qui portait elle-même le niqab. Il faut dire qu’elle ne portait que le hijab : « Nous, les femmes arabes, vivons dans une culture qui nous est fondamentalement hostile ». Face à ce constat, Mona Eltahawy, elle-même emprisonnée, battue, sexuellement agressée sur la place Tahrir (Egypte) en 2011, a décidé de prendre la parole. Et de dire la difficulté de vivre dans une société patriarcale qui diabolise la femme, la cache, la rejette. Dire la situation de ces femmes forcées de porter le hijab et le niqab, embarquées en pleine rue pour un « test de virginité », battues, violées, excisées, mutilées. Ceux qui haïssent les femmes, c'est parce qu'ils les craignent. Qu'ils craignent ce qui se trouve sous le voile, le nient, piétinent son existence, sous prétexte de mieux le préserver. Parler pour libérer la parole féminine. Car comme nous le rappelle Mona Eltahawy : « (…) l'acte le plus subversif qu'une femme puisse commettre est de parler de sa vie comme si elle importait réellement ». C’est le combat d'une femme pour les femmes.
Mona Eltahawy est née en Egypte et a grandi au Royaume-Uni et en Arabie saoudite. Elle vit désormais entre Le Caire et New-York, a participé au printemps arabe sur la place Tahrir et publie aujourd'hui un document coup de poing, à mi-chemin entre l'autobiographie et le manifeste, sur la place des femmes au Moyen-Orient et sur la nécessité d'une révolution sexuelle : « Être une femme en Arabie Saoudite, c’est être l’incarnation vivante du péché», écrit-elle dans son livre. De son expérience personnelle, elle a tiré un essai percutant, « Foulards et hymens » , qui dénonce la misogynie et la domination qui pèsent sur les femmes du monde arabe. Féministe, elle l’est depuis l’adolescence et plus particulièrement depuis son arrivée à Djeddah, en Arabie Saoudite: « Lorsque j’ai fait connaissance avec ce pays à l’âge de quinze ans, écrit-elle encore, le traumatisme a été si grand qu’il m’a poussée dans les bras du féminisme- je ne sais pas comment dire ça autrement. » À cette époque, l’adolescente Eltahawy parvient à concilier ses convictions avec la tradition et se met à porter le voile, bien qu’elle soit minoritaire dans le milieu qu’elle fréquente : « Les femmes ne sont pas qu’une chevelure et une entrejambe, il faut en finir avec cette obsession sur leur corps, qui est instrumentalisé par des hommes parlant à d’autres hommes. »

Foulards et Hymen

Auteur : Mona Eltahawy

Traduit de l’américain par Carla Lavaste et Alison Jacquet-Robert

Editions: Belfond

258 p, 19 euros

 

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