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Le club des divorcés : le portrait juste et sensible d'une femme libérée dans le Japon des années 70

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Couverture Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Yûko n'a jamais connu que la ville de Ginza. Séparée depuis deux années de son mari pianiste, Michio, avec lequel elle a eu une petite fille, Asako, qui est gardée par sa grand-mère maternelle,c'est la patronne d'un bar à hôtesses.

Yûko a 25 ans et pourtant se sent déjà bien vieille. C'est une jeune femme peu conventionnelle qui n'a "pas envie de se comporter comme on l'attend" mais qui se heurte au regard de la société qui l'entoure et ne cesse de la juger. La voit-on en compagnie de Ken-Chan, le jeune barman qui travaille dans son club, à la fête de l'école de sa fille? On pense que c'est une fille légère alors qu'elle n'a jamais réussi à conclure avec ce bel éphémère qui ne cesse de faire des yeux doux à " Mama". Veut-elle jouir de deux heures de liberté le temps d'une soirée? Sa mère lui reproche de ne pas agir en mère et de négliger sa fille. Kazuo Kamimura nous offre le portrait touchant d'une femme combattive et qui refuse de recommencer à vivre dans l'ombre d'un mari. Dans ce manga qui se lit comme un feuilleton, on côtoie les trois hôtesses du Club des Divorcés, Sachiko, Mari et Tokiko, leurs rêves refoulés et leurs plaisanteries légères, seul rempart pour cacher leurs désillusions et leur fragilité. On croise également les clients du club ou encore M.Sanada, le comptable pour lequel Yûko concocte des petits plats cuisinés qui l'émoustillent sagement. Le hâbleur mais mystérieux Ken-Chan, enfin, qui joue les amoureux transis auprès de "Mama" qui le considère comme un "enfant".

Saviez-vous qu'au Japon, dans les années 70, 60% des femmes divorcées ne reçoivent aucune pension de leur ex-mari? Que 37% seulement souhaitent se remarier? Que seulement 24% des filles de 20 ans sont vierges et que 39% n'ont eu qu'un seul partenaire? Qu'il y a un mariage toutes les 39 secondes et un divorce toutes les 4 minutes et 39 secondes? Qu'en 1974, les suicides des hôtesses de bar pour dépression, difficultés matérielles, angoisses face à l'avenir etc. sont récurrents et que l'intoxication au gaz est le moyen d'en finir le plus utilisé? Une série de statistiques, disséminées ça et là, dans un manga résolument féministe qui nous a conquis par sa sensibilité, la justesse de son trait et son étonnante actualité.

Le club des divorcés
Tome 1
Éditions: Kana/ Sensei
Auteur: Kazuo Kamimura
505 pages
Date de parution: 6 novembre 2015

 

 

 

 


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