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Signal : une ville qui devient folle, entre ésotérisme et sorcellerie

  • Écrit par : Valérie Morice

chattamPar Valérie Morice – Lagrandeparade.com/ « Signal » paru chez Albin Michel, est le 23ème roman de Maxime Chattam, mais est-ce le meilleur ? C’est un auteur qui peut avoir pour coutume de venir gonfler la liste de ceux sur lesquels on a des « a priori ». Mais la promotion dont il a pu bénéficier un peu avant les fêtes de Noël, fût une tactique plus que convaincante pour piquer la curiosité des novices et rejoindre le temps d’une lecture, la secte Chattamiste et ses disciples.
Sans compter que l’objet est beau : couverture vernie, jaspage noir et pages encadrées d’une bordure noire digne d’un faire-part de décès.
Il était grand temps donc, de se pencher sur le « talent » du Stephen King Français, et 700 pages pour se faire une opinion, ce n’est pas une sinécure. Pourvu que ce roman soit à la hauteur de sa réputation, car pour qui n’abandonne jamais une lecture en chemin, c’est risqué si c’est d’un ennui foudroyant. Pour cela, un conseil vivement recommandé par son auteur : lecture du roman le soir, lorsqu’il n’y a plus de lumière et que tout est calme.
Le thème du roman gravite autour d’un signal émis par des éruptions solaires qui amplifierait les ondes négatives de la ville de Mahingan Falls, et servirait de conducteur pour réveiller, donner de l’énergie à des « écos », des fantômes aux dents tranchantes, grignoteuses et aux bras démesurés. Et c’est une équipe de gamins dégourdis, audacieux et plutôt réactifs, nonobstant la peur qui va les engourdir, qui va mener l’enquête.
Les scènes de meurtres sont (dé)taillées au scalpel, avoir le cœur bien accroché est fortement recommandé. La ville devient folle, on oscille entre ésotérisme et sorcellerie, le surnaturel prend pouvoir sur la rationnel, la tension va crescendo, on attend le chaos… l’Apocalypse.
Certains adeptes avancent l’idée que l’auteur renoue avec ses premiers amours : dans « Le cinquième règne », son premier roman fantastique indépendant écrit en 2003 sous le pseudo de Maxime Williams, il mettait déjà en scène une bande de gamins qui s’aventurait aux mauvais endroits, aux mauvais moments, en mettant leur nez là où il ne fallait pas.
Chattam se confiait alors sur l’influence que Spielberg avait exercée sur lui avec son film Les Goonies.
Quoiqu’il en soit, le début est plutôt bon en matière de filer les jetons : voix qui murmurent dans un baby-phone à la nuit tombée (quels parents n’ont pas déjà capté des conversations plus que flippantes des voisins au travers d’un baby-phone ?), ombres qui se glissent sournoisement sous les draps, cris déchirants, formes mystérieuses et indescriptibles qui rampent dans les sous- terrains de la ville (lieux de perdition pour lesquels l’auteur voue une réelle fascination).
On y retrouve effectivement beaucoup de références à Stephen King, qui ne passeront pas inaperçues pour un expert ès « Le maître de l’horreur » dont la mémoire sera affûtée : un clown au sourire carnassier et un groupe de garçons justiciers (ÇA), de la sorcellerie (Salem), des champs de maïs (Les enfants du maïs), un chien prénommé Smaug (« smog »/Brûme), un signal tueur (Cellulaire), une barrière géographique protectrice et malveillante (Dôme)…
On ne pourra pas nier que l’auteur est doté d’un esprit prolifique et tordu.
Cependant ce roman méritait-il 700 pages? A force parfois de faire durer le plaisir, on se lasse au point de songer honteusement à sauter quelques chapitres.
Mais peu importe… Car Maxime Chattam bénéficie de la confiance de son éditeur qui lui laisse quartier libre et une grande liberté de style. Il se murmure qu’il a déjà 17 manuscrits en attente... (mieux que Nothomb ?)

Signal
Auteur : Maxime Chattam
Editions : Albin Michel
Date de parution : 24 octobre 2018
752 pages
Prix : 23,90 €


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