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Le corps est une chimère : Wendy Delorme, destins emmêlés…

  • Écrit par : Serge Bressan

chimèrePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Sur son CV, à la case profession, elle pourrait écrire « artiste polymorphe ». A 39 ans et résidant à Lyon depuis quelques années, Wendy Delorme cumule : universitaire (maître de conférences en faculté en  sciences de l'information et de la communication), activiste féministe queer, performeuse et écrivaine. Après le très remarqué « La Mère, la Sainte et la Putain » paru en 2012, elle revient avec « Le corps est une chimère »- son quatrième roman. Elle précise que le titre a été trouvé par son éditrice alors qu’elle suggérait « Corps / Chimère »… Dans le prologue, on lit : « Les yeux sont clos, le maquillage soigné. La peau très pâle est poudrée, on ne distingue plus les petites rides au coin des paupières. Les cheveux auréolent le visage sur l’oreiller, parure d’un roux profond aux longs fils argentés. Marion s’approche lentement. Philippe est déjà là, les mains jointes, recueilli. Elle se penche… Marion regarde le corps de la défunte »… C’est le « ton Delorme », il est donné immédiatement…

Et nous voilà embarqués dans une tribu de sept personnages. Présentation par l’éditeur : « Philippe est à l’étroit dans son rôle d’homme. Marion a trois enfants, avec Elise. Camille veut changer le monde. Ashanta sait qu’on ne peut pas. Isabelle aime à en mourir. Maya est travailleuse du sexe. Jo est flic et n’aime pas ça. Sept vies se font poreuses les unes aux autres, sept personnages découvrent ce qu’on peut s’apporter dans la différence ». Sept destins emmêlés pour un roman choral. Des femmes qui décodent, du moins tentent de décoder les relations à leur corps. Ce corps, comment elles le traitent, comment d’autres le maltraitent… Encore et encore, inlassablement, Wendy Delorme questionne- l’amour, le désir, la filiation ; elle l’a fait dans des travaux universitaires aussi pointus qu’ardus comme dans l’essai intitulé « Insurrections ! En territoire sexuel » (Au Diable Vauvert, 2009), et là dans le roman, elle poursuit les interrogations. Tout y passe, stéréotypes, passions, sexualités, parentalités, couple…
« Mes livres traitent tous de la minorité de genre et de la condition des femmes, commente Wendy Delorme, mais pour « Le corps est une chimère », encore plus pour les autres, je me  suis rendu compte, au fil de l’écriture, que je voulais qu’il soit lu par le plus grand nombre de personnes. Et dans ces personnes, je pense aussi à celles qui ont participé aux Manif pour tous  (contre le mariage gay), à celles qui pourraient avoir des préjugés à l’encontre  de ces minorités de genre… » Alors, revenant à la fiction après des écrits universitaires, l’écrivaine a souhaité montrer « comment il est possible de construire une famille homoparentale, et, comment les débats très violents qu’il y a pu avoir lors de la loi Taubira autour du mariage pour tous, ne prennent pas en compte ces histoires individuelles-là ». Il lui a suffi de trouver la formule (gagnante !) pour appuyer ses thèses- des chapitres courts, enlevés et bien rythmés avec sept personnages qui se croisent, se décroisent. C’est joliment écrit, percutant, cinglant- et on se retrouve dans « une chambre, au petit matin, un lit défait. Une voix résonne dans l’obscurité. « Viens », intime-t-elle, pressante »…

Le corps est une chimère
Auteur : Wendy Delorme
Editions : Au Diable Vauvert
Parution : 6 septembre 2018
Prix : 18 €


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