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Exposition Mondes Tsiganes : un travail photographique puissant et saisissant

tsiganesPar Delphine Caudal - Lagrandeparade.fr/ C’est une plaisante découverte des « éternels étrangers » qui prend place au musée de l’Histoire de l’Immigration. A travers photographies, diapositives, extraits de films et de journaux, le plongeon dans l’histoire de ces populations en quête de terres hospitalières est riche et fort. 

A noter que les gens du voyage ne sont pas des migrants, mais le thème a su trouver sa place dans le magnifique Palais de la Porte Dorée. L’exposition, essentiellement photographique, donne une autre vision des Tsiganes et permet d’expliquer les discriminations qui existent encore aujourd’hui.

Les « diseuses de bonnes aventures », jeunes, moins jeunes, énigmatiques, parfois sensuelles et mystérieuses, sourient, fixent l’objectif. Les hommes, aux visages hâlés, brunis par le soleil jettent des regards curieux aux photographes. Les vêtements trop grands des enfants, les tenues saugrenues et criardes des femmes, les jupes trop longues. Ce sont, au sens large, les « Tsiganes ».
Nous déambulons dans les différentes pièces, marqués par la qualité des photographies et l’éclairage historique cohérent et consistant. L’alignement de clichés est sobre et élégant. On observe des portraits, des fêtes, des cérémonies, des roulottes, des caravanes… Les us et coutumes sont immortalisées sur chaque mur, pour le plus grand plaisir du public.

carte postaleL’exposition se découpe en deux parties. La première, « Fabrique des images », montre la construction des stéréotypes de ces communautés, souvent pointées du doigts, accusées de vols et autres forfaits répréhensibles. On observe des représentations diverses des tsiganes, étoffées par quelques légendes historiques, dans leur activités professionnelles (souvent itinérantes), dans leur identité culturelle (violon, guitare), mais aussi dans la période sombre de la Première Guerre Mondiale.
Sujet peu connu, les tsiganes français en âge d’être mobilisé s’engagent dans l’armée et partent au front. Ces familles ont elles aussi subies de vives persécutions et des archives attestent près de 6500 nomades internés en France entre 1940 et 1946.

La visite débouche en milieu de parcours sur une salle ronde, démontrant le déploiement de ces « nations itinérantes » dans le monde. De l’Europe du Nord, à l’Amérique du Sud en passant par le Moyen Orient, les nuances sont notables et enrichissent cette culture si fascinante. Dans les années 1950, des mouvements de soutien s’organisent pour adoucir leurs conditions de vie : les roulottes se transforment en caravanes, les couleurs criantes en jupes longues claires, des permis provisoires de stationnement sont adoptés.

Le deuxième volet de l’exposition retient particulièrement l’attention.
Face aux portraits des Gorgan, la vision de la famille chez les Gens du Voyage est saisissante. Johny, Ninaï, Rocky, Giovanni, Mickaël, Jonathan, Priscilla, Vanessa, Ana et Doston apparaissent aux yeux curieux du public, en noir et blanc, en couleurs, à différents instants de leur vie. Mathieu Pernot a suivi la famille pendant plusieurs années et accompli un travail remarquable, tant il est  difficile de détacher ses yeux des photographies.

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études à l’Ecole Nationale Supérieure de la photographie d’Arles. Les parents, Johny et Ninaï, vivaient dans une caravane avec leurs sept enfants, sur un terrain entre la gare de fret et le Rhône. Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle »

On salue un travail de fond et une très bonne initiative : renverser la dynamique qui vise à discriminer un peuple, et à nous diviser. Le choix des œuvres est pertinent, les allées grandes et aérées, les photographies d’une qualité qui ravira les esprits des plus curieux !


Exposition Mondes Tsiganes

Commissariat général de l'exposition : Ilsen About, historien, chargé de recherche au CNRS et rattaché au Centre Georg-Simmel de l’École des hautes études en sciences sociales. Mathieu Pernot, diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie à Arles en 1996. Adèle Sutre, professeure agrégée et docteure en géographie de l’École des hautes études en sciences sociales. 

- Jusqu’au 26 août 2018 au Musée de l’Histoire de l’Immigration - Palais de la Porte Dorée (293, avenue Daumesnil, 75012 Paris)

Informations pratiques

Horaires d'ouverture : du mardi au vendredi de 10h à 17h30. Samedi et dimanche de 10h à 19h.

Tarif unique sur place : 6 €.
Ce tarif inclut le droit d’entrée à l’exposition permanente et aux expositions temporaires du Musée.
L'entrée est gratuite pour les moins de 26 ans et pour tous le premier dimanche de chaque mois.

Crédit-image : Gitanes du quartier de Sacromonte, Grenade, vers 1920-1930, cartes postales doubles, 10x14 © collection privée.

 

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