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A corps perdu : qui s'y frotte s'y pique...

corps perduPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ C'est la devise de la Crim' : « qui s'y frotte s'y pique ». Alex Laloue, jeune co-auteur d'A corps perdu, est (déjà) un ex-flic. Il sait donc de quoi il parle quand il écrit ceci : « Dans la police, les ressources humaines ne se font pas au cas par cas. Nous sommes tous des numéros à six chiffres qui ne servent qu'à remplir les cases des chefs de service. Et peu importe que ce numéro soit surqualifié pour le poste, ou l'inverse. Tant qu'il remplit la case, il ne bouge pas. »

Celles et ceux qui ont lu Comme des bleus, le premier roman (policier) du couple formé par Marie Talvat et Alex Lalou, savent qu'Arsène Galien y faisait ses premiers pas d'enquêteur quand il a trouvé sur sa route la jeune journaliste, Pauline Raumann... Dix ans après, elle l'a quitté, s'est mariée (et embourgeoisée) avec un confrère, devenu le « beau-père » du petit Gabriel (10 ans). On devine assez vite (trop ?) qu'il pourrait s'agir du fils de Galien, devenu commissaire, à la quarantaine ; lequel vit avec un chien, un peu comme Serpico (que les plus jeunes googlelisent). Le commissaire Galien a perdu ses illusions de depuis longtemps. Il est non seulement hanté par le souvenir d'une opération qui a mal tourné mais aussi par la perte de la seule femme qu'il a vraiment aimée. Il regrette la Brigade Criminelle - et le Quai des Orfèvres -, qu'il a dû quitter pour un poste confortable à l'État Major. Bref, il s'empâte, picole la nuit, boit du café le matin, et blues le jour... Jusqu'au moment où il retrouve Pauline, sur un écran de surveillance. Le fils de cette dernière est kidnappé en plein 16e arrondissement de Paris. Arsène lâche tout pour voler à son secours, aidé de son seul ami, Chuck, un flic gaulé comme une armoire à glace. Ta ta tinnn !!! Tous les ingrédients et les codes du polar sont là.

Comme pour le premier opus, le fait d'avoir deux points de vue (Elle et Lui) apporte beaucoup à la narration et les scènes de vie dans la maison poulaga respirent la vérité. Le début se lit comme un vieux scotch, dix ans d'âge, forcément, malgré quelques clichés et facilités : « Mon cœur bat la chamade (...) La réponse tombe comme un couperet (...) » etc. Le récit coule plutôt bien, ça fonctionne, le décor est planté, les personnages installés. Les dialogues, caustiques, entres les flics sonnent juste. Puis, à la moitié du récit, ça commence à patiner, ralentir, les ficelles à se voir. Les personnages deviennent bavards, ils s'introspectent, ça manque d'action et ça pleurniche souvent pour un roman noir qui se veut hard-boiled... Heureusement qu'il y a Chuck (sorte de Hulk) pour secouer tout ce petit monde, parce l'intrigue tourne en rond, sans vraiment avancer. Pour tout dire, c'est cousu de fil blanc et la fin n'est malheureusement pas réaliste (je ne spoile pas). Dommage parce que la mayonnaise avait bien pris au début de ce polar plutôt bien écrit dans l'ensemble. Sans effets de plume mais efficace, comme une bonne série télé à la française... Marie Talvat et Alex Laloue ont du talent mais ils n'en sont qu'à leurs débuts, laissons-leur le temps de confirmer l'espoir annoncé à leur premier roman. Le second, souvent le plus difficile à écrire, aurait sans doute mérité plus d'un an de travail... Vivement le troisième round. La plus grande qualité d'un bon flic, comme un journaliste, et un écrivain, c'est la persévérence.

A corps perdu
Editions : Plon
Auteurs : Marie Talvat et Alex Laoue
295 pages
Prix : 19, 90 €

Le site de l’auteur de cet article:
www.guillaume-cherel.fr et bigcherel.fr

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