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« Le Consentement » de Vanessa Springora : un livre implacable et indispensable

consentementPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Le livre-événement de cette rentrée d’hiver 2020. Avant même sa sortie en librairie, « Le Consentement »- le premier texte de Vanessa Springora, a grandement alimenté journaux, radio et télé. Parce que c’est un témoignage cinglant, froid et implacable pour une plongée dans le monde de la pédophilie. Aujourd’hui âgée de 47 ans et toute récente directrice d’une maison d’édition parisienne réputée, l’auteure avoue qu’il lui a fallu pas moins de trente ans pour coucher sur papier son histoire- dans un entretien publié dans un quotidien ce 2 janvier 2020, elle confie que le livre n’est ni un roman ni un simple témoignage mais « un récit littéraire autobiographique. Je n’ai absolument rien romancé. Mais l’écriture passe toujours par le prisme de la subjectivité et de la mémoire ». Une histoire qui donne le vertige. Son histoire avec un homme à la cinquantaine assurée alors qu’elle avait tout juste 13 ans. Encore enfant, elle a accompagné sa mère attachée de presse dans un dîner réunissant des personnalités du monde des lettres- durant toute la soirée, l’homme ne l’a pas quittée des yeux. 

L’homme, c’est G. ou encore G.M.- comme Gabriel Matzneff. Il est écrivain, a alors dans les années 1980 connu un succès auprès de la critique pour le moins complaisante- et surtout, dans ses livres et en public, ne cache rien de ses amours avec de très jeunes filles (il titrera un de ses livres « Les Moins de seize ans ») et aussi de petits garçons encore plus jeunes. Pendant deux ans, l’auteure et G. vivront une histoire- d’amour. Prédateur, il a tenu sa proie- et va la détruire psychologiquement. Un jour, la jeune fille consulte les « carnets noirs » de G., lit ses livres qu’il lui avait interdit d’ouvrir- elle va y découvrir quel homme se dissimule derrière le costume de dandy que porte G., ce qu’il y a véritablement chez cet homme à la tête rasée comme un bonze et qui porte beau : il note et consigne tout de ses rencontres, de ses aventures, de ses périples aux Philippines où il « s’offre » des petits garçons entre 8 et 12 ans qu’il appelle « petits chatons ». A la sortie de cette histoire, Vanessa Springora plongera. Cabossée, anéantie. Se sentira même coupable, persuadée qu’elle a été consentante alors qu’elle a été la victime (comme tant d’autres jeunes filles) d’un homme qui, bravache, refuse d’être tenu pour pédophile et se définit comme « philopède ». Aujourd’hui, elle pointe aussi l’indifférence des adultes, à l’époque dans les années 1970- 1980 : « Il y a eu un dysfonctionnement de toutes les institutions : scolaire, policière, hospitalière… C’est sidérant face à un militant de la cause pédophile qui a publié des textes en ce sens et qui s’en glorifie. C’est pour ça que c’est très différent d’une histoire d’amour. La loi aurait pu et dû s’en mêler ». A la construction aussi efficace qu’impeccable (en six parties : « L’enfant », « La proie », « L’emprise », « La déprise », « L’empreinte » et « Ecrire »), un livre aussi implacable qu’indispensable.

Le Consentement
Auteure : Vanessa Springora
Editions : Grasset
Parution : 2 janvier 2020
Prix : 18 €

[bt_quote style="default" width="0"]Les contes pour enfants sont source de sagesse. Sinon pour quelle raison traverseraient-ils les époques ? Cendrillon s’efforcera de quitter le bal avant minuit ; le Petit Chaperon rouge se méfiera du loup et de sa voix enjôleuse ; la Belle au bois dormant se gardera d’approcher son doigt de ce fuseau à l’attrait irrésistible ; Blanche-Neige se tiendra éloignée des chasseurs et sous aucun prétexte ne mordra la pomme si rouge, si appétissante, que le destin lui tend… Autant d’avertissements que toute jeune personne ferait bien de suivre à la lettre.[/bt_quote]

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